YANNICK PIROT    -    PHOTOGRAPHE
ACCUEIL                         SUJETS                         CORPORATE                         ACTUALITE                         EXPOSITION                         BIO                         CONTACT


RETOUR






Gil

Façade très haute, quelque peu austère… J’avais quatorze ans. Maison de la Culture de Bourges. Première séance de cinéma. Entrée dans le « temple ». Œdipe Roi, Pasolini – 1967. Film magnifique mais je fus mal durant toute la projection. Ce soleil aveuglant, cette aridité, atmosphère tragique, dramatique ; beauté de Sylvana Mangano. Éprouvant… Dehors, il pleuvait… Y eut - il un débat ? Je ne me souviens plus… Ce premier confinement dans une salle obscure de la Maison fut douloureux…

Bientôt il y eut du théâtre, des expos, de la musique. Musique et cafétéria. Roger Mason et Steve Waring : le « blues de la poisse ». Et surtout après le concert : réunion entre copains autour d’un verre, aux côtés des deux américains, à la même table… C’était alors la grande époque du retour de la musique traditionnelle, « du folk ». Je ne sais plus comment c’est venu : nous entonnâmes en canon « Le matou revient » (le matou revient, le jour suivant, il est toujours vivant…). Nous étions des as de la cuillère et de la guimbarde, l’une ou l’autre - ou les deux - traînant au fond de nos poches. Bœuf endiablé ! Souvenirs nostalgiques de ces soirées fréquentes durant lesquelles on pouvait côtoyer des artistes avec qui l’on pouvait converser, qu’il s’agisse de danse, de musique, de peinture…

La Maison de la Culture était devenue peu à peu familière ; elle promettait souvent des moments riches. Elle nous nourrissait. À bien y repenser le nombre de rencontres vécues dans cette grande maison est vertigineux et les souvenirs se bousculent.

1981 : libération des ondes, disait-on alors. 1983 : Le Groupe de Musique Expérimentale de Bourges, établi dans les locaux de la MCB, fonde une radio associative (Radio Culture Bourges 103). Je participais à la naissance de celle-ci. Je fréquentais déjà les tables de mixage, les curseurs et les boutons qui nous permettaient de triturer, de découper, de décortiquer, d’assembler les sons sous la houlette de Françoise Barrière et Christian Clozier. Avec cette radio située juste en haut du grand bâtiment je devenais un « travailleur » au sein de la maison… J’avais choisi comme indicatif un morceau du « James Cotton’s Band », groupe de blues venu se produire un peu plus bas sur la grande scène… Il y avait alors beaucoup de propositions de jazz et de blues (thèmes de mon émission d’alors). J’enregistrais Stan Getz, Stéphane Grappelli et d’autres – enregistrements numérisés que j’écoute encore…

La salle Jankélévitch recevait de multiples expositions picturales d’importance. Je tendais mon micro à Henri Cueco parmi ses chiens et ses pommes de terre mais aussi à Gérard Fromanger, à Di Rosa, Claude Pasquer, Thierry-Loïc Boussard et bien d’autres…

Puis vint l’aventure « hors-les-murs », moins confortable toute aussi riche…

Regret de ne pas voir dans les murs de la Nouvelle Maison, une salle spécifiquement dédiée aux arts visuels…

En arpentant les sols abîmés de cette vieille maison, jonchés de débris divers, en longeant le murs aux peintures écaillées portant encore de vieilles affiches des années 70/80, des ambiances, des senteurs , des images affluent ainsi que mille anecdotes… Le passé fait un retour fugace et un peu triste.

Non loin de là, la MCB2 émerge lentement et avec elle des promesses nouvelles…










© Yannick Pirot